mercredi 15 octobre 2008

Réconciliation dans un train polonais

Premier voyage solitaire en Pologne. À la gare de Varsovie, il m'a fallu beaucoup de temps pour réussir à acheter mon billet pour Rzeswow (je crois que ça s'écrit comme ça). Parce que mon Polonais est limité, bien sûr, mais aussi parceque ma destination ne se prononce pas du tout comme elle s'écrit (même avec des fautes). En gros, je vais à Jéchouf. Mais j'essaie de prononcer ce qui est écrit. L'employé derrière le guichet, patiemment, me dit des listes de noms, que j'essaie de comprendre. Lui et moi cherchons autour de nous du regard quelqu'un qui aurait l'air de pouvoir nous aider. Il a une carte, mais je n'ai aucune idée d'où est Rzeswow - il nous faut encore plusieurs minutes, et de l'impatience dans la queue qui s'allonge derrière moi.

Arrivé dans le compartiment, déjà plein, je manoeuvre pour hisser ma valise, grande et lourde (je viens passer plusieurs semaines d'hiver), sur le porte-bagages. Et bien sûr, ça dérape et je touche un peu brusquement d'abord l'épaule d'un monsieur assis qui lève sur moi un oeil mauvais, puis la tête d'un autre, qui se lève assez furieux, prend ma valise d'une main et la fait voler vers le porte-bagages. Il a une tête de plus que moi, apparement des muscles, et il n'a pas l'air de m'aimer. En se frottant la tête, il m'insulte - je pense, car mon Polonais ne s'est pas amélioré depuis le guichet, mais ça sonne comme des insultes.

Je m'assied en regardant attentivement mes genoux, gère mes mouvements pour ne toucher personne, évite soigneusement le regard du colosse que j'ai bousculé. Le train démarre alors qu'il fait nuit, et apparait à la porte du compartiment une bonne soeur, petit sac de voyage à la main, sans place réservée. J'ai vaguement le sentiment qu'en Pologne on laisse sa place aux bonnes soeurs, de toute façon je suis plutôt habitué à le faire pour les dames, donc je me lève. Sourire, pas l'ombre d'une hésitation pour prendre ma place, je regarde défiler paysage debout au travers de la fenêtre du couloir. Je réalise qu'il y a 5 ou 6 heures à rester comme ça. Je regarde parfois dans le compartiment, la bonne soeur me lance un regard gentil, j'ai du gagner une grâce pour un futur petit pêché.

Une petite heure passe, le colosse arrive dans le couloir, sourire de géant indulgent, la main sur mon épaule, une phrase en Polonais, j'ai compris que je suis pardonné pour avoir été le premier à laisser ma place à la bonne soeur. Nous échangerons notre place assise dans le compartiment une demi douzaine de fois jusqu'à l'arrivée. C'est lui qui descend ma valise - il a du penser qu'en plus d'être sympathique, c'est plus prudent.

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